Chapitre 4 : Je ne suis qu’un enfant qui a grandi

Ton Papa à vu le jour en 1993. Année durant laquelle Michael Jordan a été élu à la 3ème reprise meilleur marqueur de la saison. Qui s’en est suivi hélas de sa première retraite. Je te laisse alors faire le rapprochement avec le prénom de ton oncle et le mien. Coïncidence ? Je ne pense pas. Bon, la différence étant que je mesure (quelques) centimètres de moins, qui malheureusement ne m’auront pas aidé à être remarqué. Mais, en toute modestie… le talent était présent. Si si je t’assure ! Les longs doigts mon fils, souviens-toi ! M’enfin, je m’égare une fois encore.
 

Une citation qui en dit long…

Je me suis toujours dit que si j’avais un jour la chance d’avoir un enfant, je rêverais qu’il arpente le parquet comme son Papa. Qu’on se retrouve tous les deux, ballon à la main, au city d’à côté pour parfaire son shoot. Sans manquer un seul de ses matchs bien entendu. Et au fond, le voir réussir là où son Papa avait échoué…

Mais quel père serais-je de t’inciter à vouloir faire un sport dans lequel mes regrets vivraient à travers toi ! Probablement un aussi mauvais père que je l’ai été au début.

Malgré tout je pense que si je ressentais cette envie de vivre ça avec mon enfant, c’est parce que je me souviens d’un petit garçon en particulier. Qui m’avait énormément touché.
Un petit garçon passionné, introverti, qui vivait à travers ce sport. Il était tellement animé par cette passion, qu’il restait à chaque fin d’entrainement pour améliorer son shoot en quête de devenir le meilleur.
Je le voyais rester seul après les matchs. Pendant que ses camarades, eux, repartaient avec leur papa. Main dans la main, racontant leurs exploits.

Un petit garçon somme toute normal, mais à travers lequel on pouvait déceler une certaine peine. Peine qu’il nourrissait au quotidien. Mais qu’il arrivait tant bien que mal à contenir et ce, en partie grâce à ce magnifique sport.

Quoi de plus fort que de se retrouver seul avec soi-même, dans un domaine qui nous fait vibrer? Pouvoir ressentir chaque rebond sur le parquet. Chaque son de filet, fouetté par le ballon après un shoot parfait. « C’est comme si mon coeur était en parfaite harmonie avec le rythme du ballon ». Ce sont les mots de ce petit garçon.
Je te souhaite réellement de trouver un domaine qui te fasse ressentir une émotion pareille à celle qui l’habitait. Dans la mesure où tu es heureux et épanoui, mon fils, c’est le principal (même s’il s’avérait que tu trouvais cette passion dans le Foot). *sifflote*
 

Des valeurs !

Quoi de mieux qu’un sport collectif pour transmettre et partager des valeurs fortes. Celui qui pense le contraire n’y connait probablement rien.

Je repense à toutes ces amitiés créées. Ces moments de joie et de tristesse. Mais par-dessus tout, à ce sentiment d’appartenir à une vraie famille.

Tu l’auras sûrement compris mon fils. Le petit garçon dont je parle, celui qui restait à chaque fin d’entrainement et qui partait seul avec son ballon, c’était moi.
Tu le sais sans doute, mais je n’ai malheureusement pas eu la chance qu’un Super Papou vienne me voir à tous mes matchs. Ma mère n’ayant été que peu présente également, je pouvais compter sur mes tendres grands-mères pour n’en louper aucun. Et jouer le rôle des parents que j’ai toujours rêvé d’avoir.
 

Des séquelles…

Je te laisse imaginer. Grandir dans une famille où le pilier, censé tenir l’équilibre, a décidé de fuir ses responsabilités. Choisissant la facilité en s’ôtant la vie. Tout ça n’était par conséquent pas une partie de plaisir au quotidien pour un petit garçon.
Mais une fois de plus, l’enfant que j’étais essayait tout de même de relativiser. Après tout, certains enfants grandissent malheureusement dans l’absence de leurs deux parents.
Et puis, comme dit précédemment, j’avais la chance d’avoir les meilleures grands-mères au monde dont un enfant puisse rêver. Pour l’accompagner dans cette quête parfois difficile que l’on appelle la vie.

Je me souviens encore de toutes ces nuits humides, les draps remplis de mes larmes. Pleurant l’absence d’un père. 
Il m’a fallu longtemps, très longtemps pour refermer ces blessures. Et en toute honnêteté mon fils, je ne pensais pas pouvoir réussir à devenir père un jour. Non pas que je pensais ne pas réussir à aimer mon enfant, bien au contraire. Tu en es la preuve vivante aujourd’hui. Il n’y a pas plus pur que l’amour que j’éprouve pour toi. Mais c’était essentiellement par peur de ne pas pouvoir être le père que j’ai toujours rêvé d’avoir, et d’être pour mon enfant.
J’avais peur de mal faire les choses, n’ayant pas eu de figure masculine sur qui me calquer.
 

J’ai grandi seul avec moi-même…

Je ne vais pas me plaindre car à nouveau, il y a toujours plus malheureux que soi. Et je n’ai cessé d’être reconnaissant avec le peu que la vie avait à m’offrir. 
Mais (oui parce qu’il y a toujours un mais)… Malgré la chance que j’ai eue d’être accompagné par des personnes plus que merveilleuses dans ma vie. Ce que je suis devenu aujourd’hui, je ne le dois qu’à moi même. C’est d’ailleurs peut-être pour ça que l’homme que je suis est aussi imparfait.
J’ai grandi en me sentant quelque peu à part, incompris parfois par les gens qui m’entouraient, pour ne pas dire à longueur de temps.

Je crois même que je n’ai jamais réellement réussi à m’ouvrir à quelqu’un. Sauf une fois, mais l’enfant que j’étais avait déjà bien grandi. Je te raconterai bien évidemment cette histoire au chapitre concerné.

Mon fils, quand tu n’as personne sur qui compter tu n’as malheureusement pas d’autres choix que d’apprendre seul et d’expérimenter. C’est ce que j’ai fait. Et ça m’a valu bien des peines crois moi…
Mais si je devais vivre à nouveau le parcours qui a été le mien, je le referais sans hésiter !
Car si je suis sûr d’une chose, c’est que certes, le garçon que j’étais a grandi en traversant tout un tas d’épreuves que la vie a décidé de mettre en travers de son chemin. Des choses qui l’ont détruit… Mais grâce à elles, ce petit bonhomme est fier de pouvoir dire aujourd’hui qu’il est enfin devenu ce père qu’il rêvait tant d’être pour son enfant.
 
Et même si mon enfance n’est qu’une infime part de moi-même, elle m’a énormément appris. Néanmoins, je dirais qu’elle n’est rien à côté de ce que ta mère à pu engendrer sur mon développement personnel suite à notre séparation. 
Mais pour l’heure, revenons en au moment où tu allais souffler ta première bougie.

To be continued...