Chapitre 3 : Ici, tout commence…

Ici tout commence…

Ou devrais-je plutôt dire : Ici n’est que la continuité de mes incommensurables erreurs.

A peine es-tu installé dans ta nouvelle maison que je pars déjà du mauvais pied. Mais je t’en prie mon fils, ne m’en veux pas. Même si je pouvais à présent te contempler de mes propres yeux, je n’avais en toute honnêteté pas encore réalisé que j’étais devenu Papa. Et entre nous, j’ai mis beaucoup trop de temps à prendre mon rôle au sérieux.

 

Tu sais mon fils, je n’avais pas encore réalisé la chance que j’avais de pouvoir avoir enfin l’occasion que l’on puisse m’appeler Papa.

Mais j’avais au moins pris conscience d’une chose. Il fallait que je mette ma famille à l’abri. Néanmoins, je ne me cacherai pas derrière cette excuse du Papa qui travaille trop et qui ne peut par conséquent pas prendre le temps d’être avec son fils…

En toute honnêteté j’avais un peu peur. Peur de ne pas pouvoir assumer ma nouvelle petite famille.

Il faut aussi dire que l’on n’a pas emprunté le chemin le plus stable pour construire une vie de famille, financièrement parlant j’entends. Car pour le reste, même si ta mère et moi nous sommes par la suite enfermés dans cette routine parentale, nous n’avons cessé de nous aimer comme au premier jour.

On a souvent tendance à reproduire le cheminement de nos parents, ou nos grand-parents. Et étant un peu vieille école sur certaines choses, il est vrai que j’aurais voulu passer par quelques étapes de la vie avant de devenir Papa. Qui sont nécessaires selon moi pour assurer une certaine stabilité au sein d’un foyer (mariage, maison, travail, épargne…).

Nous n’avions malheureusement que très peu de ces choses là. Et ton Papa étant à son compte depuis peu, il n’avait pas toutes les ressources nécessaires qui lui permettraient de mettre sa famille à l’abri du besoin.

C’est alors qu’il décide de se mettre sérieusement au travail (un peu trop parfois au point de rater certains moments avec toi). Jusqu’à en dormir tard le matin, et veiller jusqu’à pas d’heure le soir…

Mais si seulement il n’y avait que le travail…

 

Je t’ai dit que je serais totalement transparent avec toi mon fils. Et rien qu’en me trouvant là, derrière mon clavier ce soir, à me rappeler tous ces moments loupés à cause de priorités qui n’étaient pas les bonnes… Il est possible qu’une larme ou deux aient coulées le long de mes joues.

 

Ton Papa passait déjà énormément de temps derrière son ordinateur à travailler. Et les seuls moyens qu’il trouvait pour s’aérer la tête, étaient d’y rester encore. Mais cette fois pour jouer aux jeux vidéos… A vrai dire j’avais un petit passé dans le monde virtuel, on pourrait même parler d’une addiction. Je n’avais déjà pas le recul nécessaire pour me dire que j’étais devenu Papa, alors si on rajoute à ça une addiction virtuelle… je te laisse imaginer le personnage que j’étais !

 

On m’a beaucoup reproché dans le présent le fait de ne pas avoir été là dès le début comme j’aurais dû l’être. Et saches que j’en ai aujourd’hui pleinement conscience et que j’en prends entièrement la responsabilité.

Mes erreurs m’ont permis de voir tous les moments avec toi à côté desquels j’ai pu passer, et qui auront à jamais disparu. Après tout, ne faut-il pas avoir perdu du temps pour en apprécier sa véritable valeur?

On parle sans cesse du temps perdu qui ne se rattrape jamais. Mais personne ne se demande comment rattraper le temps gagné.

 

Malgré mes absences au quotidien, j’essayais toutefois de m’habituer à ce nouveau rôle qui me fut attribué. Je revois encore toutes ces nuits où l’on se retrouvait, toi et moi. Le temps d’un bibi, d’une histoire, ou ces fou-rires en sortant du bain.

Mais par-dessus tout, je me rappelle parfaitement ton premier gazouillement. Il restera gravé dans ma mémoire, à jamais. 

Je pourrais même te citer la date exacte ! C’était le 5 décembre 2018 aux alentours de 18h. Je m’en souviens si bien que j’entends encore ta mère couper les concombres pour le repas du soir (Et non, ce n’est pas parce que je l’ai enregistré dans mon dictaphone et que je l’ai encore à ce jour…)

 

*Petit aparté mon fils : tous les moments qui seront cités à travers ces chapitres, que ce soit des photos, des vidéos ou encore des enregistrements audio, seront consultables ici à tout moment. Et toi seul en connaîtra l’accès.

 

Il ne t’a pas fallu bien longtemps après tes premiers gazouillements pour nous faire entendre ta magnifique petite voix. Un mot si simple. Mais qui sans nul doute, peut traverser la carapace d’un homme. Encore aujourd’hui, ces simples syllabes mises bout à bout ont le pouvoir de faire fondre mon cœur. Le faire fondre d’amour pour toi.

C’est précisément à partir de cet instant que j’ai commencé à comprendre. Enfin… 

Ce pourquoi je me retrouvais là, assis devant toi, à te voir t’aider de ma jambe pour te relever.

Même si dans la forme, je n’ai pas été le Papa le plus démonstratif et entreprenant au monde. Dans le fond, j’étais là, à attendre que mon instinct paternel se réveille.

Et je tiens une nouvelle fois à m’excuser, mon fils, pour avoir mis si longtemps à comprendre certaines choses et ce à quoi j’étais destiné.

 

Laisse moi le temps du prochain chapitre pour te conter une petite histoire. Une histoire qui peut-être, te permettra de mieux comprendre mes erreurs. Et par la même occasion, de connaître le petit garçon qui est devenu par la suite ton père.